Helen Keller ou Arakawa. Portrait de l’artiste en jeune aveugle

Helen Keller ou Arakawa. Portrait de l’artiste en jeune aveugle

Comment lire un texte qui depuis son titre fait exploser tous les repères de lecture ? Les deux battants de la porte où figurent deux noms, Helen Keller ou Arakawa, se poussent en même temps : ils sont d’un seul et même tenant. Non qu’il s’agisse de la même « personne », loin de là. Il n’y a plus de personne. L’identité n’habite plus à cette adresse. Voici la « personne » remise en liberté, libre d’entrer dans un système sans dialectique : plus de même, plus d’autre, mais des lignes, des axes d’équivalences, des clés de contact multiples et des trans-assemblages : femme+homme, ouest+est, sourde-aveugle+ peintre-architecte. Lire ce texte revient à se promener, sur les pas d’Helen Keller, sur le périmètre d’un banyan – où sont les racines ? les branches ? Suis-je revenue à mon point de départ ? Ai-je bien compris l’histoire qui m’a été transmise par tapotements dans la paume de ma main ? Pas d’inquiétude : poursuivez, suivez les yeux fermés le bord incertain des choses : elles vous en apprendront plus que toutes les grilles (dites « grilles de lecture ») où s’enferme la logique optique. Madeline Gins n’a de cesse de chercher les failles, de longer les frontières et les langues, de localiser les passages à gué, les points de bascule de l’anglo-américain (my forming :
ce que je forme/ma formation – mais quelle différence ? n’est-ce pas la même chose ?).


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