Soutenances

Kévin Bideaux

Le jeudi 18 novembre 2021 à 10H, Kévin Bideaux soutient sa thèse de doctorat en étude de genre et arts à l’Université Paris 8.

« La Vie en rose. Petite histoire d’une couleur aux prises avec le genre ».

Membres du jury 

  • Céline Caumon, professeure des Universités en arts plastiques et design, Université Toulouse-Jean Jaurès (rapporteuse)
  • Hélène Marquié, professeure des Universités en études de genre et art, Université Paris 8 – Vincennes-Saint-Denis (directrice de thèse)
  • Annie Mollard-Desfour, linguiste et lexicographe, ingénieur de Recherches 1e classe CNRS
  • Pascal Rousseau, professeur des Universités en histoire de l’art, Université Paris1 – Panthéon-Sorbonne (rapporteur)
  • Pierre Sauvanet, professeur des Universités en esthétique et philosophie de l’art, Université Bordeaux Montaigne

Résumé de la thèse :

Des jouets roses « pour filles », aux innombrables représentations de femmes en rose, « le rose c’est pour filles » est un constat et une affirmation performative, c’est-à-dire autoréalisatrice. Il est à la fois un symbole de féminité, et il associe au féminin tout ce qu’il colore. Partant du désir de comprendre les origines et les modalités de l’association du rose à la féminité, la thèse s’attache à déployer une histoire de cette couleur depuis les premiers colorants roses, en passant par le XVIIIe siècle, une histoire de ses symboliques liées — ou non — au genre, de ses usages et de ces mésusages, de ses rejets et de ses appropriations. À l’intersection des études de genre et des études sur la couleur, elle met en évidence les idéologies sous-jacentes aux emplois du rose, et leurs répercussions sur les femmes, mais aussi les hommes, en termes de construction identitaire et de rapports sociaux. Employé dans les arts visuels, comme dans le cinéma, les jeux vidéo, la mode ou le marketing, le rose participe au processus de catégorisation de genre à travers son esthétisation et la répétition de stéréotypes. Porté par des hommes, il connote l’efféminement, voire l’homosexualité, confirmant son lien au féminin par son incompatibilité symbolique au masculin. Les tentatives militantes de réappropriation du rose comme emblème par les luttes féministes, gayes ou queeres, ne parviennent pas à se défaire de son lien à la féminité, et le renforcent paradoxalement. Le rose se révèle ainsi être une technologie de genre, telle que la définit Teresa de Lauretis : sa représentation est sa construction.

Mots-clés : rose, genre, féminité, homosexualité, histoire des couleurs, marketing

Diane Brossard

Le jeudi 1er juillet à 14h, Diane Brossard soutient sa thèse en philosophie et études de genre.

« Entre éthique et politique : les apports du care en démocratie »

Membres du jury

  • Fabienne Brugère, professeure de philosophie à l’Université Paris 8 (directrice de la thèse)
  • Éric Fassin, professeur de sociologie à l’Université Paris 8
  • Caroline Ibos, maître de conférences en science politique à l’Université Rennes 2
  • Sandra Laugier, professeure de philosophie à l’Université Paris 1 (rapporteure)
  • Yves Raibaud, maître de conférences en géographie à l’Université Bordeaux Montaigne (rapporteur)

Résumé de la thèse :

Ce travail propose une analyse des ressorts éthique et politique du care afin de penser ce dernier comme un outil permettant d’envisager de nouvelles formes démocratiques. La mise à l’écart du care vis-à-vis de la scène publique s’appuie sur des paradigmes hégémoniques, ceux-là s’inscrivant dans une histoire de l’individu libéral abstrait caractérisé par son autosuffisance. Face à ces théories, ces éthiques féministes ont fait valoir un autre modèle de société, qui repose sur les relations d’interdépendances dans lesquelles tous les individus se situent. Elles ont permis l’émergence de ces voix différentes, celles des femmes en particulier, trop souvent évacuées des théories libérales, plus encore elles portent l’ambition de soutenir ces voix, toujours singulières, qui expriment une résistance au système patriarcal, aux inégalités relatives aux différentes lignes de partage. En déplaçant les frontières (entre le privé et le public, la morale et la politique) le care – à travers ses pratiques – met en évidence les formes d’organisation particulières dans nos sociétés néolibérales, le care est  un concept politique. Nous avons ainsi montré que les valeurs du care sont centrales dans une société démocratique et que dans une perspective politique du care, il convient de penser la démocratisation du care. L’enjeu du care est précisément de revendiquer la prise en compte démocratique de toutes ces voix étouffées et/ou rendues inaudibles afin de lutter pour une société plus juste.

Carolina Maldonado Franco

Le jeudi 24 juin à 14h, Carolina Maldonado Franco soutient sa thèse de doctorat en philosophie et études de genre.

“Du théâtre de la cruauté à la performance queer. Esthétique et politique des ateliers drag king”.

Membres du jury

  • Anne Berger, professeure à l’Université Paris 8 (directrice de thèse)
  • Cristina Castellano, professeure à l’Université de Guadalajara (directrice de thèse)
  • Luca Greco, professeur à l’Université de Lorraine, Metz
  • Orazio Irrera, maître de conférences à l’Université Paris 8
  • Lissell Quiroz, professeure à l’Université Paris 8

Résumé de la thèse : 

Comment et pourquoi certaines pratiques contemporaines du corps, qui se déroulent au carrefour de l’esthétique et du politique, donnent-elles à la critique de l’ordre sexuel une dimension à la fois vécue et expérimentale ? Comment produisent-elles un sens et des effets susceptibles de mettre en question l’ordre rationnel dominant ? Telles sont les questions qui guident ce travail de recherche. Pour y répondre, je me centre sur une pratique spécifique qui sert d’outil de lutte féministe : les ateliers drag king. Je propose de les analyser à la lumière d’une lecture décentrée du théâtre de la cruauté d’Antonin Artaud : il s’agit d’une lecture qui relie la notion artaudienne de cruauté à celles de performance et de performativité, afin de souligner la dimension créative et potentiellement subversive d’une pratique corporelle et collective. Ce travail sur un « travestissement politique » explore la dimension critique d’un certain questionnement de nos positions corporelles, là où celles-ci reflètent l’échelle des privilèges et des oppressions constituées par le régime de rationalité dominant.

Mon approche de ces questions est une approche située, d’où la dimension autobiographique du parcours que je propose. Artaud a été un grand pourfendeur des formes logiques et esthétiques de la rationalité « occidentale ». C’est pourquoi il me semble que son expérience peut être utile pour penser la clôture occidentale. En effet, sa pensée et son itinéraire me permettent d’articuler ensemble critique de l’ordre du sexe et critique de la rationalité dominante, à partir de ma position de migrante sudaka, prise dans une histoire coloniale complexe. Fidèle à une conception du rapport consubstantiel entre esthétique et politique comme entre pratique et théorie, je mets en scène ma rencontre d’Artaud et sa propre rencontre avec le Mexique : double rencontre qui informe ma lecture et mon expérience des ateliers drag kings.

Si vous souhaitez recevoir le lien pour assister par visioconférence à cette soutenance, n’hésitez pas à m’écrire à l’adresse suivante : takeoff_c@hotmail.com

Isabelle Klein

Le jeudi 27 mai à 14h, Isabelle Klein soutient sa thèse de doctorat en étude de genre.

« Prendre soin de soi comme un homme ».

Membres du jury

  • Anne Berger, professeure de littérature française et d’études de genre, Paris 8 (directrice de thèse)
  • Patricia Paperman, professeur émérite, sociologie, Paris 8 (directrice de thèse)
  • Marc Bessin, directeur de recherche au CNRS, Iris/EHESS (rapporteur)
  • Laurie Laufer, professeure de psychopathologie et psychanalyse, Paris 7  (rapporteure)
  • Pascale Molinier, professeure de psychologie sociale, Université Sorbonne Paris Nord (examinatrice)
  • Florian Vörös, maître de conférence en sciences de l’information et de la communication, Université de Lille (examinateur)

Résumé de la thèse : 

Cette thèse étudie les masculinités en se focalisant sur leur dimension émotionnelle. Pour cette recherche, j’ai intégré le milieu des groupes de développement personnel sur la masculinité. Ils sont constitués d’hommes, traversant des crises diverses, réunis dans des pratiques collectives, notamment des cercles de parole. Leur but est de mieux vivre et incarner leur masculinité. Les féministes ont majoritairement analysé ces groupes comme masculinistes, les résumant à une forme d’anti-féminisme. J’essaie de proposer dans mon travail une autre perspective. Pour commencer, j’opère une généalogie des rapports conflictuels entre les hommes et le féminisme mais également des relations troubles entre politique et thérapie, entre transformations individuelles et collectives. Je replace les groupes d’hommes étudiés au cœur de ces clivages. Cette Histoire a progressivement institué l’affectivité masculine comme des discours destinés à dominer ou à l’opposé comme des instincts incontrôlables qu’ils subissent. Je propose de percevoir cette affectivité sous l’angle de sa performativité, c’est-à-dire de l’interaction entre les corps des hommes et des contextes d’énonciation. Sous cet angle, ces contextes peuvent être en partie maîtrisés et dirigés, c’est ce qu’on peut appeler rituels. Le cercle de parole constitue l’un d’entre eux. Je cherche à saisir dans cette thèse la nature des rituels pratiqués mais aussi plus particulièrement ce qui, dans ces dispositifs, peut permettre aux hommes concernés de se confronter à ce qu’il y a de trouble dans leur désir et d’en prendre soin. Ils peuvent ainsi créer de nouvelles conversations avec les femmes-et d’autres altérités.

Si vous souhaitez recevoir le lien pour assister par visioconférence, n’hésitez pas à m’écrire pour que je le partage avec vous (isabelle.kl26@gmail.com). 

Marion Gilbert

Le mardi 25 mai à 14h, Marion Gilbert soutient sa thèse de doctorat en sociologie.

« Résister à l’hétérosexualité en Corée du Sud : parcours genrés de femmes queer entre elles (depuis 2016) »

Membres du jury

  • Alain Delissen (directeur de thèse), EHESS
  • Éric Fassin (directeur de thèse), Université de Vincennes Saint-Denis
  • Catherine Achin, Université de Paris Dauphine
  • Hui-yeon Kim, INALCO
  • Kyung-mi Kim, Université de Paris
  • Sylvie Tissot, Université de Vincennes Saint-Denis

Résumé de la thèse

En 2016, une femme est tuée par un homme dans des toilettes publiques du quartier de Gangnam, à Séoul. Aux policiers, le meurtrier répond que sa haine envers les femmes l’a motivé à passer à l’acte. Par leur socialisation primaire, les femmes sont censées incorporer, avec une norme hétérosexuelle basée sur la division sexuelle, l’évidence de la domination masculine. Cette affaire juridico-médiatique fonctionne comme un rappel à l’ordre sexuel pour celles qui oseraient remettre en cause leur rôle traditionnel.

Ce travail de sociologie qualitative repose sur une enquête de terrain menée pendant huit mois à Séoul en 2018 et 2019. Il étudie comment certaines jeunes femmes sud-coréennes luttent pour la reconnaissance et la visibilité de leur identité homosexuelle tandis que d’autres femmes résistent à l’hétérosexualité en s’auto-identifiant à la même catégorie : queer. À travers trente-neuf entretiens semi-directifs retraçant les parcours de femmes, il met en évidence que l’identité queer n’est pas toujours une question de sexualité. En effet, la prépondérance de la famille tend à assigner les femmes à une classe de sexe qu’elles rejettent désormais.

La prise de distance avec l’hétérosexualité se fait par l’identification soit à une catégorie traditionnelle d’orientation homosexuelle, soit à de nouvelles catégories de genre (fluide, non binaire, agenre) et d’orientations sexuelles (pansexuel·le, homoromantique). Ce sont autant de manières de résister à la contrainte de relations amoureuses hétérosexuelles, qui passe par le mariage et la procréation. L’identité queer est utilisée de façon subversive par des femmes résolument queer – en termes de genre sinon de sexualité.

Les femmes se rencontrent sur des réseaux sociaux, où elles apprennent les codes d’identités non-hétérosexuelles avant de se fréquenter dans des cafés, des bars, des clubs lesbiens interdits aux hommes, en pleine expansion depuis la fin des années 2010 à Séoul. La précarité des femmes lesbiennes rencontrées les pousse à établir des stratégies de résilience. Les combats lesbiens et anti-hétérosexualité se mélangent. À l’unisson, les femmes demandent la création d’un partenariat reconnu légalement pour les personnes de même sexe, le vote d’une loi anti-discrimination. La thèse montre comment, entre femmes, elles développent des stratégies pour vivre en dehors de l’hétérosexualité, à travers des réseaux de solidarité qui passent par une économie lesbienne et des familles féminines.

 Étant donné la situation sanitaire, nous sommes contraints de restreindre l’accès au public qui sera en distanciel. Les personnes souhaitant assister à la soutenance peuvent se rapprocher de la candidate en lui écrivant à cette adresse email : mariongilbert2@gmail.com

Anne-Cécile Caseau

Lundi 14 décembre 2020 à 14h, Anne-Cécile Caseau soutient sa thèse de doctorat en science politique et études de genre.

Le genre de la « question rom ». Migrantes roumaines en France, de la vulnérabilité sociale à la constitution de sujets politiques.

Membres du jury

•Nicoleta Bitu, chercheure indépendante (examinatrice)
• Agnès Deboulet, professeure des universités, Université Paris 8 (examinatrice)
• Milena Doytcheva, maîtresse de conférence HDR, Université de Lille (rapporteure)
• Éric Fassin, professeur des universités, Université Paris 8 (directeur de thèse)
• Adelina Miranda, professeure des universités, Université de Poitiers (rapporteure)
•Tommaso Vitale, professeur associé, IEP de Paris (examinateur)

Résumé de la thèse 

 Cette thèse porte sur les expériences genrées de la mobilité précaire chez des femmes roms qui migrent de la Roumanie vers la France. Ce travail s’appuie sur une enquête ethnographique menée pendant neuf mois dans deux bidonvilles de la Seine-Saint-Denis, ainsi que sur des enquêtes au sein de deux associations (accompagnement social et programme de service civique pour les jeunes habitant·es de bidonvilles et squats). Des entretiens formels et informels, notamment avec des militant·es roms et pro-roms en France et en Roumanie, viennent compléter ces enquêtes, de même qu’un ensemble d’observations d’événements militants et associatifs auxquels les Roms vivant en Ile-de-France sont convié·es. 

L’enquête le montre, dans un contexte de stigmatisation et de précarité, les femmes roms endossent de nouveaux rôles ; la division sexuée des tâches est bousculée par la migration, qui remet en question l’organisation au sein des familles et des couples. Paradoxalement, la catégorie de vulnérabilité qui peut leur être appliquée dans les politiques publiques de « tri » renforce leur capacité d’agir et contribue à leur subjectivation politique. Tout en proposant une analyse des politiques de (non)-accueil qui conduisent à des expulsions, et produisent une vulnérabilité qui est inégalement distribuée et reconnue, cette thèse conteste ainsi l’incompatibilité présumée entre politique et vulnérabilité, en s’appuyant sur les combats du quotidien dans les bidonvilles et les espaces de représentation où prennent place les femmes. La thèse contribue à une meilleure compréhension de « ce que cela fait d’être un problème » (W.E.B Du Bois, 1903), à partir du point de vue de celles dont la parole reste encore peu audible, et qui pourtant cherchent à ouvrir la voix.

Ánxela Lema París

Jeudi 23 juillet à 11h30, Université de La Corogne (Espagne) (soutenance en ligne). Thèse en cotutelle avec l’Université Paris 8 Vincennes–Saint-Denis. 

La déconstruction de l’érotisme poétique à partir des non-monogamies. Étude et relecture de la poésie érotique galicienne et de sa réception critique dans la première décennie du XXIe siècle 

DIRECTRICES : Carme Fernández Pérez-Sanjulián (U. de La Corogne) et Marta Segarra (LEGS / CNRS).

Ánxela Lema París soutient sa thèse de doctorat en littérature / études de genre et de sexualité. La soutenance se fera en galicien, espagnol et français.

MEMBRES DU JURY

  • Laura TATO FONTAÍÑA, Professeure des universités, Université de La Corogne (Espagne)
  • Brice CHAMOULEAU, Maître de conférences, Université Paris 8 Vincennes–Saint-Denis (France)
  • Helena GONZÁLEZ FERNÁNDEZ, Professeure titulaire, Université de Barcelone (Espagne)
  • Meri TORRAS FRANCÉS, Professeure titulaire, Université Autonome de Barcelone (Espagne)

RÉSUMÉ DE LA THÈSE

Le but de cette thèse est d’analyser l’influence du système monogame, en tant que système idéologique, au cours du processus de lecture de la poésie érotique galicienne contemporaine publiée entre 2000 et 2010. L’hypothèse de départ était que, malgré l’annonce de la mort de l’auteur·e au début du XXe siècle, la réception de la poésie érotique se fait sous un angle biographique, car les voix poétiques semblent être sexualisées selon le système sexe-genre, l’orientation sexuelle et l’orientation relationnelle (supposée monogame dans presque tous les cas) de la figure d’auteur·e. Ainsi, la thèse analyse le discours de la critique pour comprendre comment les plaisirs et les affects dans la poésie érotique publiée pendant cette période sont compris. Elle inclut aussi une analyse des poèmes afin de vérifier si la lecture faite par la critique et le public lecteur est la seule possible ou si un certain nombre d’autres lectures concernant les sexualités sont ignorées. Le travail de recherche montre enfin comment un grand nombre de sens divers et transgresseurs, perdus à cause de la pensée hégémonique, peuvent être décodés à partir de la déconstruction du regard lecteur et de l’adoption d’une optique non monogame.

Lucas Monteil

Vendredi 28 juin 2019 à 14 h à l’Université Paris 8 à Saint-Denis, à l’Espace Deleuze (bâtiment A, niveau 1).
Lucas Monteil soutient sa thèse de doctorat en science politique-études de genre, intitulée « L’Espace des désirs. Enquête sur la construction des homosexualités masculines en Chine post-maoïste ».

Membres du jury :

  • Tania ANGELOFF, Professeure, Université Paris 1 (rapporteure)
  • Sébastien CHAUVIN, Professeur associé, Université de Lausanne (rapporteur)
  • Éric FASSIN, Professeur, Université Paris 8 (directeur)
  • Jean-Louis ROCCA, Professeur, Sciences Po
  • Johanna SIMÉANT-GERMANOS, Professeure, ENS
  • Sylvie TISSOT, Professeure, Université Paris 8

Résumé de la thèse :

D’abord largement effacées de l’espace public chinois au terme de l’histoire singulière des significations dont l’amour de même sexe, mais aussi l’amour et le sexe en général, ont été investis au cours des efforts successifs de « modernisation » du pays, les formes de désir et d’amour homosexuels connaissent à partir du tournant de la décennie 1980 de nouvelles possibilités d’expression en Chine, dans un contexte de libéralisation économique et d’ouverture aux échanges internationaux placé sous le signe de la « modernisation ». Fondée sur une enquête conduite au long de six années dans les mondes homosexuels masculins de trois métropoles de Chine continentale, la thèse prend pour point de départ l’association qui en résulte, dans les discours tant ordinaires que savants, de l’homosexualité aux sujets supposés modernes : jeunes, issus des nouvelles classes moyennes et globalisés. Elle met d’abord en lumière l’existence de configurations distinctes d’homosexualité masculine en Chine post-maoïste, dont les formes socio-culturelles diffèrent selon leur position plus ou moins centrale ou périphérique dans un espace à la fois social, géographique, symbolique et trans/national en rapide transformation. Elle montre ensuite plus largement en quoi toutes les dimensions de ce que l’on peut nommer goût érotique – comment, quoi et qui aime-t-on, qu’est-ce qu’aimer veut dire, comment l’apprend-on et d’où cela vient-il ? – se développent et s’articulent de façon différenciée dans l’espace chinois des homosexualités et sont constitutives des processus sociaux, économiques et politiques qui caractérisent la Chine des réformes et de l’ouverture. La thèse conduit en définitive à un renversement de perspective, de la contextualisation du sexe à l’éclairage du contexte, qui revient, plutôt qu’à rechercher les traits des cultures « chinoise » ou « globalisée » dans l’homosexualité chinoise, à appréhender les transformations de la Chine, comme la mondialisation, à travers leur épaisseur sexuelle.

Josselin Tricou

Jeudi 6 juin 2019 à 14 h à l’Université Paris 8 à Saint-Denis, à l’Espace Deleuze (bâtiment A, niveau 1).
Josselin Tricou soutient sa thèse de doctorat en science politique-études de genre, intitulée « Des soutanes et des hommes. Subjectivation genrée et politiques de la masculinité au sein du clergé catholique français depuis les années 1980 ».

Membres du jury :

  • Catherine Achin, professeure de science politique, Université Paris-Dauphine, rapporteure
  • Céline Béraud, directrice d’études en sociologie à l’EHESS, rapporteure
  • Isabelle Clair, chargée de recherche en sociologie au CNRS
  • Éric Fassin, professeur de sociologie, Université Paris 8, directeur
  • Laurent Jeanpierre, professeur de science politique, Université Paris 8
  • David Paternotte, chargé de cours en sociologie, Université libre de Bruxelles

Résumé

Cette thèse se situe à la croisée de la sociologie du catholicisme et des études de genre. Elle prend pour objet la masculinité des prêtres à partir du modèle théorique de R. Connell. Dans un contexte de perte d’emprise de l’Église catholique au sein des sociétés occidentales, que redouble la démocratisation sexuelle qui s’y déploie, elle analyse les caractéristiques des masculinités cléricales à une triple échelle : les processus de subjectivation genrée des prêtres, les divers régimes locaux de genre dans un catholicisme fragmenté, et, enfin, les mobilisations émergentes autour des questions de masculinité au sein du pôle d’identité du catholicisme contemporain. La toile de fond de cette recherche est, en effet, la bataille entre les différentes fractions du catholicisme dont le genre est devenu un terrain privilégié.
La thèse analyse d’abord les effets d’une disqualification symbolique dans l’ordre du genre de la masculinité sacerdotale qui vient percuter un secret institutionnel bien gardé jusque-là, celui de la fonction de placard qu’avait l’institution cléricale. Or, loin que le discours actuel du Vatican contre l’homosexualité soit dissuasif, il a pour effet paradoxal d’attirer les candidats homosexuels au sacerdoce, alors même que la vocation a largement été désertée par les hétérosexuels après l’avoir été par les classes populaires. Elle analyse ensuite les efforts de l’appareil catholique pour contrer cette disqualification. Genre et sexualité sont ici pris dans une triple dimension : lieu d’expression du pouvoir au sein de l’institution, champ de luttes pour maintenir la position de l’institution au sein de la société et, enfin, objet de politiques mises en œuvre par ses agents.

Mots-clés : Genre – Masculinité – Homosexualité – Catholicisme – Clergé – Démocratie sexuelle

Heta Rundgren

Lundi 12 décembre 2016 à 14h, salle 312 de la bibliothèque à l’Université Paris 8.
Heta Rundgren soutient sa thèse : « Vers une théorie du roman postnormâle. Féminisme, réalisme et conflit sexuel chez Doris Lessing, Märta Tikkanen, Stieg Larsson et Virginie Despentes ». Sous la direction des Professeures Anne Emmanuelle Berger (Paris 8) et Tuija Pulkkinen (Université de Helsinki)

Membres du jury :

  • Claudia Lindén, Associate Professor in Comparative Literature, Södertörn University, Sweden.
  • Frédéric Regard, Professeur de littérature anglaise, Université Paris 4 – Sorbonne.
  • Denise Riley, Professor of Poetry and History of Ideas, University of East Anglia, UK.
  • Tiphaine Samoyault, Professeure de littérature comparée, Université Paris 3 – Sorbonne Nouvelle.

Résumé de thèse

Entre littérature comparée et études de genre, cette thèse vise à théoriser ce que
j’appelle le roman postnormâle. A partir d’un corpus constitué d’un ensemble de
romans européens contemporains [The Golden Notebook de Doris Lessing (1962), Les Hommes ne peuvent être violés (1975) de Märta Tikkanen, la trilogie Millénium ou Les Hommes qui haïssent les femmes (2005-2007) de Stieg Larsson et Apocalypse bébé (2010) de Virginie Despentes], d’une part, et d’un corpus de textes théoriques, littéraires et féministes, d’autre part, j’analyse la façon dont le roman postnormâle reprend le discours social concernant la différence des sexes pour s’adresser à un large public, tout en déplaçant subtilement les conventions réalistes afin d’inscrire dans l’écriture l’expérience du conflit sexuel du point de vue des femmes, voire des lesbiennes.

Je procède en quatre étapes : j’étudie

  1. l’ancrage des romans dans un « réel réaliste » et la fonction du détail dans l’esthétique postnormâle ;
  2. le sociogramme du ‘féminisme’ dans les romans et leur réception ;
  3. le récit de ce que j’appelle le contre-viol ;
  4. l’inscription du désir-femme et la figuration, voire la constitution,
    d’un entr’elles.

Ma proposition de théorisation du roman postnormâle s’inscrit dans une perspective postmoderne : elle implique de suspendre, sans toutefois l’ignorer, la double question de la littérarité et de l’évaluation des oeuvres, au profit d’une étude de l’objet littéraire en contexte. Enfin, du point de vue de la théorie féministe, ce travail ambitionne de repenser les liens entre les notions de féminin et de queer, à l’aune des théories féministes et lesbiennes contemporaines.

Akila Kizzi

Lundi 21 novembre 2016 à 10h à la salle des thèses, Espace Deleuze Bâtiment A, premier étage, Université Paris 8 Saint-Denis.
Akila Kizzi soutient sa thèse : « L’accord im/possible. Ecriture, prise de parole, engagement et identités multiples chez Marie-Louise Taos Amrouche »,

Résumé

Cette thèse se propose de rendre compte de l’œuvre de Marie-Louise Taos Amrouche (1913-1976) comme prise de parole, engagement et écriture des identités multiples. Pour faire ressortir de nouveaux aspects en lien avec la problématique de la parole des femmes par l’écriture, une analyse socioculturelle contextualisée et historicisée est privilégiée. L’enjeu est de montrer comment la carrière d’Amrouche, de sa venue à l’écriture à sa projection dans le paysage littéraire français, est traversée par des obstacles liés aux origines et au genre. Une approche intersectionnelle permet notamment de (re)penser les différentes dominations – la discrimination de genre et de « race » et la problématique des identités plurielles – sans les hiérarchiser et en mettant à jour les mécanismes d’oppression et les stratégies de résistance du sujet écrivant.
Pionnière sur l’écriture de sujets sensibles à son époque, Amrouche n’est pas seulement écrivaine mais également cantatrice des chants berbères. Cette thèse démontre, par ailleurs, comment l’écriture et le chant se font simultanément et traduisent le même besoin celui d’accord entre : la prise de parole d’une femme « indigène » sous la colonisation, la recherche des origines berbères et la part de l’héritage chrétien et français. Est particulièrement mise en lumière la façon dans laquelle Amrouche devient un sujet hybride résultant de plusieurs identités créées par l’Histoire coloniale et postcoloniale : elle refuse de choisir entre les identités multiples, ne voulant en brader aucune au profit d’une autre. La recherche d’un accord im/possible ressort ainsi comme la métaphore privilégiée pour qualifier ses luttes et son écriture.

Mots clés : Ecriture, parole, genre, intersectionnalité, Kabylie, chants, identité.

Membres du jury :

  • Dora Carpenter- Latiri, Senior Lecturer, University of Brighton
  • Mounira Chatti, Professeure, Université Montaigne Bordeaux, TELEM
  • Daniela Merolla, Professeure, INALCO, CNAD
  • Marta Segarra, Directrice de recherche au CNRS, LEGS
  • Nadia Setti, Professeure, Université Paris 8- LEGS (directrice de recherche)
  • Sonia Zlitni-Fitouri, Professeure, HDR, Université de Tunis

Kamila Bouchemal

Mardi 29 mars 2016 à 09h30 au site Pouchet du CNRS.
Kamila Bouchemal soutient sa thèse en Etudes de genre / Littératures comparées : « Epistémologies et écritures du corps postcolonial dans les œuvres de Gisèle Pineau, Malika Mokeddem et Jamaica Kincaid. ».

Membres du jury :

  • Nadia SETTI (Directrice de recherche)
  • Seloua LUSTE BOULBINA
  • Jean-Marc MOURA
  • Andrée-Anne KEKEH-DIKA
  • Natalie MELAS
  • Françoise SIMASOTCHI-BRONES