Soutenance de la thèse d’Anne-Cécile Caseau

Le genre de la « question rom ». Migrantes roumaines en France, de la vulnérabilité sociale à la constitution de sujets politiques.

Le lundi 14 décembre 2020 à 14h. 

Jury

Nicoleta Bitu, chercheure indépendante (examinatrice)
Agnès Deboulet, professeure des universités, Université Paris 8 (examinatrice)
Milena Doytcheva, maîtresse de conférence HDR, Université de Lille (rapporteure)
Éric Fassin, professeur des universités, Université Paris 8 (directeur de thèse)
Adelina Miranda, professeure des universités, Université de Poitiers (rapporteure)
Tommaso Vitale, professeur associé, IEP de Paris (examinateur

Résumé de la thèse

Cette thèse porte sur les expériences genrées de la mobilité précaire chez des femmes roms qui migrent de la Roumanie vers la France. Ce travail s’appuie sur une enquête ethnographique menée pendant neuf mois dans deux bidonvilles de la Seine-Saint-Denis, ainsi que sur des enquêtes au sein de deux associations (accompagnement social et programme de service civique pour les jeunes habitant·es de bidonvilles et squats). Des entretiens formels et informels, notamment avec des militant·es roms et pro-roms en France et en Roumanie, viennent compléter ces enquêtes, de même qu’un ensemble d’observations d’événements militants et associatifs auxquels les Roms vivant en Ile-de-France sont convié·es.

L’enquête le montre, dans un contexte de stigmatisation et de précarité, les femmes roms endossent de nouveaux rôles ; la division sexuée des tâches est bousculée par la migration, qui remet en question l’organisation au sein des familles et des couples. Paradoxalement, la catégorie de vulnérabilité qui peut leur être appliquée dans les politiques publiques de « tri » renforce leur capacité d’agir et contribue à leur subjectivation politique. Tout en proposant une analyse des politiques de (non)-accueil qui conduisent à des expulsions, et produisent une vulnérabilité qui est inégalement distribuée et reconnue, cette thèse conteste ainsi l’incompatibilité présumée entre politique et vulnérabilité, en s’appuyant sur les combats du quotidien dans les bidonvilles et les espaces de représentation où prennent place les femmes. La thèse contribue à une meilleure compréhension de « ce que cela fait d’être un problème » (W.E.B Du Bois, 1903), à partir du point de vue de celles dont la parole reste encore peu audible, et qui pourtant cherchent à ouvrir la voix.