Séminaire d’équipe « Traduire le genre » 2019-2020

Descriptif

Ce séminaire mensuel, réunissant l’ensemble de notre laboratoire, mais ouvert à tou.te.s, met la notion de traduction – dans divers sens, linguistique bien sûr, mais aussi culturel et politique – au centre d’une réflexion sur les potentialités mais aussi les limites des études de genre en tant que champ de recherche à la fois transdisciplinaire et transnational. Pour étudier le transfert d’idées au-delà des frontières, le genre est en effet un exemple privilégié, tant les études de genre s’internationalisent. En outre, aujourd’hui, l’internationalisation des campagnes contre la (supposée) « idéologie (ou théorie) du genre » contribue à diffuser le mot bien au-delà du monde universitaire, ce qui nous engage à réfléchir à nouveaux frais à son impact social en même temps qu’à sa portée politique. Il convient donc de réfléchir en mobilisant la notion de traduction culturelle, comprise comme une théorie et une pratique qui révèlent les limites des discours hégémoniques et universalisants, aidant ainsi à « situer » la connaissance dans des contextes précis. Le « genre » n’est pas un concept qui peut être utilisé universellement, indépendamment des contextes, selon des paramètres préfixés ; au contraire, cette notion se trouve modifiée et enrichie lorsqu’elle est employée dans des contextes politiques et culturels divers et en particulier dans des langues différentes.

Ce séminaire posera un ensemble de questions. Comment différents contextes sociaux infléchissent-ils les multiples manières d’interpréter, de manier, de lire le genre ? Quels types de traduction politique et culturelle accompagnent-ils chaque franchissement des frontières géographiques, linguistiques ou disciplinaires ? Comment le genre se traduit-il (ou pas) dans différents contextes théoriques, que ce soit dans les sciences sociales, les études littéraires, la philosophie, les sciences dites « dures », etc. ?

Le séminaire se tiendra chaque mois, un vendredi de 16h30 à 18h30. Nous donnerons la parole à des invité·e·s, praticien·ne·s ou théoricien·ne·s de la traduction, dans divers domaines (lettres et philosophie, sciences sociales, arts, etc.).

Calendrier des séances

Séance 1 : 18 octobre 2019 de 16h30 à 18h30

Lieu : Université Paris 8, salle A2 204

« Le genre : le legs … colonial ? » par Nassira Hedjerassi (LEGS, Sorbonne Université), autrice de « À l’école de bell hooks, à l’école de la décolonisation » (préface), bell hooks. Théorie féministe. De la marge au centre. Paris : Cambourakis, coll. Sorcières, 2017 [1984]. 

« Réceptions françaises du concept de gender dans la clinique de l’intersexuation » par Michal Raz (Cermes3 – EHESS), autrice de la thèse de sociologie « La production des évidences sur l’intersexuation. savoirs et pratiques médicales autour de l’hyperplasie congénitales des surrénales (France, 1950-2018).

Présentation du séminaire en début de séance.

Séance 2 : 29 novembre 2019 de 16h30 à 18h30

Lieu : Université Paris 8, salle B 106

Katherine Costello (docteure en littérature, Duke University), autrice de la thèse Inventing « French Feminism » : A Critical History. Durham : Duke University, 2016.

French Feminism et théorie queer: histoires transatlantiques entrecroisées 

Pourquoi certaines féministes françaises dont les idées anticipent certains points clés de la théorie queer rejettent-elles ce courant de pensée ? La résistance féministe au queer en France est à comprendre dans le contexte de l’histoire transatlantique du French Feminism. Inventé aux États-Unis entre 1975 et 1985 à partir de textes français des années 70, ce corpus façonne la théorie queer aux Etats-Unis. De par cette influence, la théorie queer soulève en France le spectre de scissions au sein du Mouvement de Libération des Femmes (MLF) et ne peut être que rejeté par un féminisme français qui reste hanté par l’histoire du MLF.

Tuija Pulkkinen (Université d’Helsinki), professeure en études de genre, autrice de Hegel’s Philosophy and Feminist Thought: Beyond Antigone? Londres: Palgrave Macmillan, 2010.

‘House’, ‘Family’ and ‘Kinship’ – The Politics of Concepts in G.W.F. Hegel’s and J. Butler’s Readings of Antigone

This presentation will look at G.W.F Hegel’s and Judith Butler’s readings of Antigone from the point of view of their use of concepts and conceptual politics around family.  The paper argues that in their readings of Antigone,  Hegel and Butler engage in conceptual politics that stand at opposite ends of the history of concepts concerning European family arrangements. While Hegel’s Antigone reading takes part in the conceptual politics for a new bourgeois concept of “family” against earlier arrangements of “house,” Butler’s reading of Antigone displays a conceptual politics which problematises the same concept of “family,” which in Butler’s texts is displaced by  the concept of “kinship”. The paper outlines this argument by going through both Hegel’s and Butler’s readings of Antigone, concentrating on their use of concepts. The paper also asks what Butler’s use of the concept of kinship, borrowed from modern anthropology, might be performing within current discussion.  

Séance 3 : 7 février 2020 de 16h30 à 18h30 – Séance reportée

James Horton (ENS Ulm), thèse en cours: « There is no guide no voice no word »: le cut-up et ses praticiens, histoire et poétique d’un underground international, 1959-1975.

 Aura Sevon (University of Turku), traductrice en finnois avec Heta Rundgren de Le rire de la Méduse et autres ironies, Paris, Galilée, 2010: Medusan nauru ja muita ironisia kirjoituksia, Helsinki: Tutkijaliitto, 2013.

Séance 4 : 6 mars 2020 de 16h30 à 18h30 – Séance reportée

Mona Gérardin-Laverge, autrice de la thèse Le langage est un lieu de lutte. La performativité du langage ordinaire dans la construction du genre et les luttes féministes. Paris : Université Paris 1 Panthéon – Sorbonne, 2018.

Luca Greco (Université de Lorraine), auteur de Dans les coulisses du genre. La fabrique de soi chez les drag kings. Limoges : Lambert Lucas, 2018.

Séance 5 : 10 avril 2020 de 16h30 à 18h30 – Séance reportée

Lieu: salle panoramique de la Maison des Sciences de l’Homme Paris Nord, 20 Avenue George Sand, 93210 Saint-Denis.

Anne-Emanuelle Berger (Directrice du LEGS), dir. avec Giuseppe Sofo du numéro spécial « Le genre de la traduction », De Genere, n°5, 2019.

Giuseppe Sofo (Università Ca’ Foscari Venezia), dir. avec Anne Emanuelle Berger du numéro spécial « Le genre de la traduction », De Genere, n°5, 2019.

Séance 6 : 15 mai 2020 de 16h30 à 18h30 – Séance reportée

Lieu: salle panoramique de la Maison des Sciences de l’Homme Paris Nord, 20 Avenue George Sand, 93210 Saint-Denis.

Ilana Eloit (LEGS, CNRS), autrice de la thèse Lesbian Trouble: Feminism, Heterosexuality and the French Nation (1970-1981). London : London School of Economics (LSE), 2018.

Clare Hemmings (LSE), autrice de Considering Emma Goldman: Feminist Political Ambivalence and the Imaginative Archive. Durham: Duke University Press, 2018.

Séance 7 : 19 juin 2020 de 16h30 à 18h30 – Séance reportée

Lieu: Amphithéâtre, Maison des Sciences de l’Homme Paris Nord, 20 Avenue George Sand, 93210 Saint-Denis.

Arthur Clech (EHESS), « De tema à queer : traduction des sexualités et transition politique. URSS, Russie et Géorgie contemporaine ».

Auteur de la thèse « Des subjectivités homosexuelles à l’époque soviétique tardive : entre solidarités et culture du soupçon ». Paris : EHESS, 2018.

Caroline Ibos (LEGS, Université Rennes 2), discutante.

Conclusions du séminaire.



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