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Tal Dor est sociologue et pédagogue critique. Elle est post-doctorante dans le cadre du projet DiPIC (« Discours, pratiques et identifications contre-hégémoniques dans l’Israël contemporain ») et membre de l’ANR CHOICE au laboratoire CENS à Nantes.

Elle a co-coordonné deux ouvrages : « Rencontres radicales Pour des dialogues féministes décoloniaux » aux éditions Cambourakis et « Colonialité et ruptures. Écrits sur les figures juives arabes » d’Ella Shohat aux éditions LUX. Elle a été ATER au Département Carrières sociales – IUT Sénart-Fontainebleau et au laboratoire EXPERICE UFR SEPF – sciences de l’éducation ETLV – à l’Université Paris 8,.

Elle est également co-fondatrice de l’Institut de formation Rencontres Radicales. Formatrice aux dialogues critiques sur le racisme et les oppressions systémiques et gestion de groupes en conflit. Ainsi que co-fondatrice de l’Institut bell hooks – Paulo Freire.

Au sein du LEGS elle coordonne (avec Myriam Cheklab) le groupe de travail sur la traduction et publication de l’ouvrage d’Antonia Darder Pédagogie des opprimés de Paulo Freire : un guide de lecture.

Ses travaux portent sur les processus de libération de conscience politique de personnes engagées dans des situations de conflit. Plus particulièrement, ma thèse de doctorat a porté sur la manière dont des militant.e.s de la gauche radicale israélienne et des militant.e.s antisionistes ont été amené.es à transFormer radicalement leurs consciences politiques. Ma recherche actuelle, dans le cadre du projet DiPIC, prend comme point de départ historique l’année 2000, qui marque le début de la deuxième intifada palestinienne et a été un point de non-retour politique pour de nombreux.ses militant.e.s et personnes engagées. Elle vise à comprendre le rôle joué par certain.es universitaires juif.ve.s israélien.ne.s dans la remise en question de l’ordre hégémonique israélien et les circulations existants entre champs académique et champ militant. Elle pose ainsi les questions suivantes : quelles places les chercheur.ses occupent-elles.ils dans la production et dans la transmission de savoirs critiques et radicaux ? Comment leurs travaux participent-ils à remettre en question le récit national produit et diffusé par les institutions israéliennes ? Quelle place les rencontres et les collaborations avec leurs collègues palestinien.ne.s prennent-elles dans ces processus de transmission ?

Titre de la thèse : Towards Radical Consciousness Liberation : Palestinian, Israeli Recounting Decolonial of Trans/formation (Vers une conscience radicale de libération : Récits palestiniens et israéliens de trans/formation décoloniale) (thèse rédigée en anglais). Direction : Nacira Guénif-Souilamas

Jury : Ahmed Boubeker (Université de Saint-Etienne Jean Monnet) ; Judith Butler (University of California at Berkeley, Présidente) ; Stéphane Dufoix (Université Paris Ouest Nanterre, Rapporteur) ; Nassira Hedjerassi (Université Paris Sorbonne/ESPE de Paris, Rapporteure) ; Ella Shohat (New York University) ; Chantal Zabus (Université Paris 13)

Résumé

L’objectif principal de cette thèse est d’étudier les conditions d’émergence et le développement d’une conscience anti-hégémonique chez les militant·e·s juif·ve·s et palestinien·ne·s citoyen·ne·s de l’État d’Israël. J’ai pour cela étudié les processus socio-éducatifs (formations, apprentissages, relations sociales, rencontres individuelles et groupales, etc.) ayant amené ces dernier·ère·s à développer un regard complexe et critique sur la réalité et sur leur position sociale. Le cadre de la recherche prend comme point d’ancrage historique le début de la deuxième Intifada palestinienne (2000), qui apparaît comme un événement majeur dans les processus de subjectivation des militant·e·s politiques. Principalement basé sur une démarche ethnographique, cette recherche s’appuie sur des entretiens biographiques destinés à retracer la trajectoire et les événements ayant transformé la vie des enquêté·e·s ainsi que sur des observations participantes (participation à de nombreux évènements, actions, manifestations et activités à l’intérieur de l’État d’Israël et dans les territoires occupés de Cisjordanie ; discussions informelles et entretien avec des activistes ; fréquentation assidue des lieux où ils·elles se rencontrent et dialoguent, etc.). Elle montre comment ces militant·e·s, en réfléchissant sur les dilemmes d’une cohabitation en contexte d´oppression et de domination, se meuvent à travers les marges politiques – nationales, ethniques et de genre – et créent des plateformes de dialogue et d´échange décoloniaux, contre-hégémoniques et féministes.

La recherche montre que la conscience hégémonique que les interlocuteur·rice·s nomment « conscience coloniale », est en rapport avec des questions de savoir et de pouvoir qu’ils·elles relient à une position hégémonique de pouvoir, de violence et d’arrogance. Elle amène par ailleurs au constat que si l’idéologie hégémonique sioniste est définie par tous et toutes comme un fondement de l’oppression et de la domination institutionnalisées, elle ne détermine pas de la même manière le destin des interlocuteur·rice·s juif·ve·s israélien·ne·s ashkénazes, juif·ve·s israélien·ne·s mizrahis et palestinien·ne·s. L’engagement dans les processus de transFormation révèle que la trajectoire menant à une conscience anti-hégémonique est un cheminement politique, un processus d’apprentissage continu, à travers lequel nous percevons le monde et notre propre position à l’intérieur de celui-ci, tel un dialogue constant entre les actes d’acquisition de savoir d’un côté et la praxis de l’autre. En outre, la recherche montre que ce processus amène les interlocuteur·rice·s non seulement à l’action pour changer leur propre conscience mais aussi à des actes pour changer la réalité, voire la (re)créer.

 

Thématiques de recherche : Sociologie des rapports sociaux ; sociologie critique ; Israël/Palestine ; structures de domination ; épistémologies féministes du positionnement ; théories de l’apprentissage ; transformation de conscience ; intersectionnalité ; recherche ethnographique, située et impliquée ; recherche biographique et de parcours de vie ; pédagogie critique et féministe ; études postcoloniales ; approche phénoménologique de la recherche

 

Thématiques d’enseignements : Intervention socio-culturelle ; inégalités structurelles ; pédagogies critiques – bell hooks et Paolo Freire ; rapports sociaux (race, classe, genre) ; pratiques pédagogiques et d’enseignement ; apprendre et s’éduquer hors et aux marges de l’école ; actualités des recherches et des pratiques en « Éducation tout au long de la vie » (ETLV) ; théoriques et méthodologiques de la recherche en ETLV ; épistémologies féministe de positionnement ; éducation populaire ; mouvementes sociaux dans les mondes anglophones ; études postcoloniale anglophones ; analyse des dimensions épistémologiques, théoriques et méthodologiques de la recherche féministe ; démarches et conduite d’entretiens de recherche ; problématisation de la recherche ; pratiques méthodologiques collaboratives

 

Articles dans des revues à comité de lecture

  • « Développement d’une conscience coloniale et opposition au sionisme chez les militant·e·s juif·ve·s de la gauche « radicale » israélienne », numéro thématique : Le colonialisme de peuplement, Critique Internationale. En préparation – à soumettre en hiver 2022 (avec Karine Lamarche)
  • « Nommer la race. La praxis de Rencontres Radicales en classe de seconde », numéro thématique : Éducation et Race – Le Télémaque. Accepté (avec Manel Ben Boubaker)
  • « Naming Palestine », Postcolonial Direction in Education, vol. 10, no. 2, 224-237, 2021
  • « Rapports de pouvoir et pouvoir d’agir dans l’entretien biographique », Spirale – Revue de recherches en éducation, vol. 66, no. 3, 205-217, 2020
  • « Vers une conscience radicale : la libération féministe mizrahie pour une pensée émancipée », Comment S’en Sortir ? Revue d’études féministes et postcoloniales, no. 1, 5-43, 2015
  • « Queering Zionism: A Liberating Educational Process », Educazione democratica, no. 3, 209-228, 2012
  • « National Identity : conflict and partnership », Le sujet dans la cité, vol. 2, no. 1, 241-252, 2011 (avec Marcelo Weksler)

 

Chapitres d’ouvrages

  • « Undoing Zionism: Five stages of Coming-Out of the Anti-Zionist Closet » in Hala Abouzaki, Véronique Bontemps, Philippe Bourmaud et Nada Nader (dirs.) La Palestine et le colonial. Edition Institut français du Proche-Orient (Ifpo), Beyrouth. A paraître en printemps 2023
  • « Radical Encounters: Israeli Palestinian Feminist Resistance to Colonial Arrogance » in Antonia Darder (dir.) Student Guide for Freire’s Pedagogy of the Oppressed (2ème édition), éditions Bloomsbury, Londres. À paraître au autumn 2022
  • « L’acte de questionnement : une praxis de libération de la conscience coloniale ? » in Hedjerassi Nassira (dir.), Les pédagogies émancipatrices : actualités & enjeux. Editions du Croquant (ouvrage avec une expertise scientifique internationale en double aveugle), Vulaines-sur-Seine, 2020
  • « Rencontres radicales : un positionnement trans/formateur » in Altamimi Manal, Dor Tal & Guénif-Souilamas Nacira (dir.), Rencontres Radicales : Pour des dialogues féministes décoloniaux. Editions Cambourakis, Collection Sorcières, Paris, 231-260, 2018
  • « Alliances entre Mizrahi et Palestiniens : Coexistence ou cohabitation ? » in Gardey Délphine & Kraus Cynthia (dir.), Politiques de la coalition. Penser et se mobiliser avec Judith Butler. Éditions Seismo, collection « Questions de genre » “Gender Issues” (édition bilingue français-anglais), Genève, 105-139, 2016 (chapitre ayant fait l’objet d’une évaluation selon les normes d’une revue avec comité de lecture)
  • “Mizrahi-Palestinian Alliances Coexistence or Cohabitation?” in Gardey Delphine & Kraus Cynthia (eds), Politics of Coalition thinking Collective Action with Judith Butler, Éditions Seismo, collection « Questions de genre » “Gender Issues” (édition bilingue français-anglais), Genève, 105-139, 2016 (chapitre ayant fait l’objet d’une évaluation selon les normes d’une revue avec comité de lecture)

 

Autres publications

  • « Défaire le sionisme» in Dor, Tal, Michal Raz et Sivan Halevy (dirs.), IN/OUT Colonialisme(s) israélien(s), Éditions La Fabrique, Paris 2014.
  • « Se mettre ensemble – Introduction» in Dor, Tal, Michal Raz et Sivan Halevy (dirs.), IN/OUT Israeli Colonialism(s), Éditions La Fabrique, Paris 2014.
  • La pratique des « rencontres conflictuelles ». Regard critique sur les rencontres Israéliens-Palestiniens, VST – Vie sociale et traitements, revue des CEMEA, vol. 117, no. 1, 24-30, 2013 (avec Marcelo Weksler)