Dépendance patriarcale, dépendances du care : confrontation et dialogue entre Simone de Beauvoir, Joan Tronto et Eva F. Kittay – Le jeudi 15 avril 2021de 18h30 à 20h30

Dans le cadre du séminaire du Collège International de Philosophie co-animé par Fabienne Brugère et Caroline Ibos, Adèle Sueur, doctorante au LCSP, Université de Paris, donnera, jeudi 15 avril 2021de 18h30 à 20h30, une conférence qu’elle résume ainsi :

Dans l’introduction de l’ouvrage The Subject of careFeminist perspectives on dependency (2002)Eva F. Kittay écrit (je traduis) : « L’accent mis sur l’indépendance et l’hypothèse selon laquelle la dépendance est à éviter – vision si évidente dans la déclaration de Beauvoir et dans une grande partie du discours féministe qui lui a succédé – ont occulté l’importance, la valeur et la force potentielles de l’attention portée au rôle traditionnel des femmes en tant que pourvoyeuses de care. Alors que les femmes ont poursuivi le projet d’indépendance proposé par Beauvoir, nous avons rencontré des limites dans les conceptions de la liberté et de l’égalité qui sont modelées sur les vies que les hommes ont menées, conceptions qui prennent pour acquis le care historiquement prodigué par les femmes. »

            Dans cet ouvrage, ainsi que dans Love’s labor (1999) de Eva F. Kittay mais aussi dans Moral Boundaries (1993) de Joan Tronto, Beauvoir apparaît comme la figure repoussoir d’un féminisme à dépasser. J’aimerais montrer comment l’opposition se noue autour de la conception de la dépendance, participant à faire émerger à la fois un féminisme spécifique du care et une épaisseur conceptuelle inédite de la notion de dépendance en philosophie politique contemporaine. Que désigne-t-elle prioritairement ? Comment la définir ? Est-elle et n’est-elle qu’une forme spécifique d’oppression ? Comment analyser cette situation emmêlée de dépendances imbriquées où les femmes rendues dépendantes sont chargées de la dépendance ? J’essaierai de creuser l’opposition entre ces différentes traditions en comparant les textes, sans pour autant rendre impossible leur complémentarité. Entre différences radicales et dialogue possible, à quoi pourrait ressembler une critique féministe de l’indépendance « pour les 99% » ? 

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